Les dernières semaines ont été difficiles. J'y reviens dans ce billet.
Le constat est sans appel : depuis le début du mois de novembre, les incidents s’enchaînent sur la branche de Poissy des lignes J et A. Les jours de galère se suivent et se ressemblent et vous nous en parlez chaque jour sur Twitter :
Au vu de la situation, un document d’explication a été distribué en gare vendredi dernier et relayé sur les blogs comme à l’accoutumée après des incidents importants. Vous pouvez retrouver ce document ici.
Vos réactions à cette publication sont claires sur un point : ces explications ne sont pas suffisantes. Je vais donc chercher à vous apporter des compléments dans ce billet. Attention, cette liste n’est cependant pas exhaustive et se concentre sur les incidents les plus impactants sur la branche J5 qui relie Paris Saint-Lazare à Mantes la Jolie via Poissy.
Que se passe-t-il sur la branche de Poissy ?
Les dysfonctionnements sont fréquents sur la branche de Poissy. La première explication est structurelle.
Le manque de performance et les difficultés répétées sont ainsi principalement causés par les fortes contraintes de la ligne :
- Des voies partagées avec les Lignes Normandes (la ligne J n’a pas de lignes dédiées) : les incidents qui se produisent sur une ligne ont un impact sur l’autre et réciproquement.
- Un nombre de circulations très important en heures de pointe : un train toutes les 4 minutes entre trains Transilien et normands
- Un contexte de travaux toujours très important : le projet EOLE avance, les chantiers se succèdent à un rythme soutenu pour prolonger la ligne E du RER jusqu’à Mantes la Jolie
- Du matériel roulant, c’est à dire des trains, vieillissant, donc peu performant et sujet aux pannes.
Je vous invite à lire où à relire ce billet qui explique en détails ces difficultés :
La mise en service du Poste de Commandement à distance de Poissy
Vous le savez peut-être, depuis 2 semaines un nouveau poste de commande à distance des signalisations (PCD pour poste de commande déporté) est opérationnel dans la zone de Poissy. Il unifie la gestion des circulations entre Achères et Vernouillet qui étaient auparavant gérées par 3 postes de circulations distincts. Les travaux du week-end du 1er novembre ont permis de raccorder la télécommande de ces 3 postes d’aiguillage à ce nouveau poste.
La mise en service de ce nouveau poste de circulation est liée directement ou indirectement à plusieurs des incidents survenus durant cette période. C’est notamment le cas des incidents des 4, 6, 8, 12, 13 et 21 novembre qui impliquent la « perte de la commande à distance » des aiguilles des voies et des « zones rouges » que j’explique plus bas. Cela n’a d’ailleurs pas échappé à certains d’entre vous :
Cette semaine encore 2 incidents majeurs :
Jeudi 21 novembre
Lieu de l’incident : Houilles Carrières sur Seine
Début : 6h55
Fin : 12h25
Motif : Dérangement d’un appareil de signalisation
Ce qu’il s’est passé :
Des appareils de signalisation sont installés tout le long des voies ferroviaires. Tout comme le Code de la route, cette signalisation constitue un vrai Code du ferroviaire pour les conducteurs qui applique les règles de conduite adéquats à chaque signaux qu’ils rencontrent. Lorsqu’un appareil de signalisation dysfonctionne, cela impacte donc toutes les circulations de l’axe concerné car les conducteurs, avisés de ce dysfonctionnement par le poste de commandement, réduisent leur vitesse dans la zone de dérangement. C’est ce qu’il s’est passé durant cet incident.
Ce qu’on a fait :
Après la reconnaissance du dysfonctionnement par le premier conducteur passé dans la zone, une équipe d’agents de signalisation est intervenue pour remettre en état l’appareil en question. Cette incident est intervenu en heure de pointe de matinée et a donc impacté les conditions de déplacement de beaucoup d’entre vous.
Lieu de l’incident : Aubergenville – Elisabethville
Début : 17h26
Fin : 20h37
Motif : Zone rouge
Ce qu’il s’est passé :
Lorsqu’un train entre dans une zone de circulation, le système de signalisation ferme automatiquement les signaux ferroviaires, ainsi aucun autre train ne peut y entrer. C’est ce qu’on appelle la « zone rouge » : c’est une portion de voie sur laquelle la signalisation ferroviaire empêche la circulation des trains, comme un feu rouge pour les voitures. En cas de dérangement, les signaux sont fermés alors qu’aucun train n’est censé être dans la zone à ce moment là.
Ce qu’on a fait :
Une équipe d’agents de maintenance est immédiatement envoyée sur place pour vérifier l’origine du dérangement. Les circulations sont alors interrompues ou très ralenties pour la sécurité du personnel sur les voies. Dans le cas de cet incident, c’est une canette qui était à l’origine de la perturbation des signaux et du dérangement de la zone. Malgré une intervention rapide des équipe et la reprise rapide des circulations, l’incident a eu une grande ampleur car il est survenu en heure de pointe.
Les autres incidents majeurs des dernières semaines :
Lundi 4 novembre
Lieu de l’incident : abords de Maisons-Laffitte
Début : 6h40
Fin : 14h
Motif : Zone rouge
Ce qu’il s’est passé :
Comme dans l’incident décrit plus haut, une zone rouge est en cause dans cet incident.
Ce qu’on a fait :
La procédure décrite plus haut a donc été appliquée avec les conséquences que l’on sait sur vos circulations.
Mercredi 6 novembre
Lieu de l’incident : abords de Poissy
Début : 9h44
Fin : 11h11
Motif : Zone rouge
Ce qu’il s’est passé :
Comme dans l’incident décrit plus haut, une zone rouge est en cause dans cet incident.
Ce qu’on a fait :
Ici encore la procédure décrite plus haut a été appliquée.
Vendredi 8 novembre
Lieu de l’incident : abords de Poissy
Début : 6h08
Fin : 12h17
Motif : Décontrôle d’aiguille
Ce qu’il s’est passé :
Une aiguille, dans le jargon ferroviaire, c’est un appareil de voie qui permet de faire changer de voie les trains. Le contrôle de ces aiguilles est fait informatiquement à distance. Le décontrôle d’une aiguille signifie que le poste de commande ne reçoit plus les informations sur la position de l’aiguille et sur son contrôle à distance.
Ce qu’on a fait :
Dans ce type de cas, un agent se déplace sur la zone de l’aiguille défectueuse pour confirmer visuellement sa position et le bon contrôle à distance. La circulation des trains est alors suspendue sur tout ou partie des voies pour des questions de sécurité.
Mardi 12 novembre
Lieu de l’incident : abords de Sartrouville puis de Poissy
Début : 17h40
Fin : Perturbations ressenties jusqu’en fin de service
Motif : Zone rouge à Sartrouville puis dysfonctionnement d’une aiguille à Poissy
Ce qu’il s’est passé :
La pointe de soirée du 12 novembre a été particulièrement difficile. En cause deux incidents successifs : une « zone rouge » à Sartrouville puis, peu de temps après, le dysfonctionnement d’une aiguille à Poissy. Deux incidents qui touchent les infrastructures d’une même branche, cela signifie aussi une gestion opérationnelle encore plus complexe et un retour à la normale encore plus long. Les perturbations ont ainsi duré jusqu’en fin de soirée.
Ce qu’on a fait :
Les procédures décrites plus haut ont, ici encore, été suivies.
Mercredi 13 novembre
Lieu de l’incident : abords de Poissy
Début : 17h
Fin : 19h30
Motif : Déclenchement intempestif d’une alarme incendie au PCD de Poissy
Ce qu’il s’est passé :
Cette fois, c’est le déclenchement intempestif d’une alarme incendie dans le PCD qui a conduit à interrompre les circulations.
Ce qu’on a fait :
Les équipes techniques de sécurité incendie puis les pompiers sont intervenus rapidement pour écarter tout risque d’incendie et réparer l’alarme. Les circulations ont ainsi pu reprendre 45 min après leur interruption.
Jeudi 14 novembre
Lieu de l’incident : Achères
Début : 5h
Fin : 9h36
Motif : Rendu tardif des travaux
Ce qu’il s’est passé :
Pendant les travaux effectués de nuit, la circulation est totalement suspendue jusqu’à ce que ces travaux soient « rendus », c’est-à-dire que toutes les installations faites sur les voies pour ces travaux soient enlevées et que le courant électrique soit rétabli sur le réseau. En cas de rendu tardif, les circulations ne peuvent donc pas reprendre ce qui supprime d’emblée les premiers trains qui doivent circuler. Dans le cas du jeudi 14 novembre, le rendu tardif a empêché la sortie de ces trains du dépôt où ils sont garés la nuit à Achères avant d’être conduit à leur première gare de départ.
Ce qu’on a fait :
Une fois les travaux rendus, le plan de transport a été réorganisé rapidement pour assurer les circulations prévues.
Et maintenant ?
La mise en place du poste de commande de Poissy a occasionné plusieurs incidents et nous en sommes sincèrement navrés. Les premiers jours qui suivent ce type de mise en place sont particulièrement délicats et nous le savions. Certaines dispositions avaient donc été prises pour anticiper les difficultés comme la réduction du nombre de circulations sur cette zone pendant les heures de pointe des deux premières semaines. Ces mesures n’ont pas été suffisantes, nous en sommes conscients et nous le constatons à regret.
Toutes les pièces défectueuses impliquées dans ces incidents ont été changées comme vous pouvez vous en douter. Et ce n’est pas tout, aujourd’hui toutes les installations de cette zone font l’objet d’une vigilance accrue pour une plus grande réactivité en cas de survenue d’un incident.
Bonsoir
Merci pour ces infos très précises
Dans le « et maintenant ? » J’aurais aimé avoir une réponse au Twit de William en début de post
Avoir conscience des dysfonctionnements et désagréments occasionnés est une chose, nous dédommager pour ces situations inacceptables une autre.
Bonjour Cédric,
« Les dernières semaines ont été difficiles ». Votre phrase laisse entendre que les problèmes sont récents. Donc une fois encore je vais vous poser la question: depuis quand la ligne J n’a t-elle pas atteint son objectif contractuel de ponctualité?
De manière plus générale, les usagers de J5 ont été plus que patient depuis des années. Entre le matériel et l’infrastructure c’est non stop. C’est bien de nous expliquer ce qui ne va pas, mais concrètement vous nous proposez quoi exactement??
Cédric, lors des réunions avec la direction de Paris Saint Lazare, ou lors de nos échanges par mail, je rappel régulièrement la phrase lancé par Jean-Paul Huchon lorsqu’il était président d’Ile de France Mobilité : « Il y a un problème d’organisation à Paris Saint Lazare ! » Votre compte-rendu ne fait que confirmer les dires de Monsieur Huchon. Comment peut-on mettre plus de 6 heures pour réparer un dysfonctionnement de la signalisation ? Comment peut-on mettre plus de 3 heures pour trouver une canette qui fait contact avec les rails ? Ce n’est pas sur le fond que je conteste, mais sur la forme. Avec un peu d’organisation, on pourrait réduire le temps d’intervention, et donc des perturbations ! CQFD.
Franck – Comité d’usagers de l’ouest francilien
Cette accumulation montre vraiment un problème structurel et interroge sur la volonté réelle d’améliorer la situation.
D’autant que cela continue, avec une accumulation de retards et de suppressions.
D’ailleurs les suppressions très fréquentes, y compris sur la pointe du matin, me conduisent à m’interroger : que se passe-t-il vraiment au niveau de la maintenance ? Travail au ralenti, grève qui ne dit pas son nom ? On a vu ce que ça donnait il y a quelques semaines à Montparnasse…
Sur la ligne J, Décembre commence très mal également ! Nous sommes le 2 et la journée a été noire encore aujourd’hui, les galères continuent.
Ce matin des trains courts en heures de pointe, = conditions de voyage déplorables ça fait plus de 3 semaine que ça dure. Ce soir n’en parlons pas.
16h52, supprimé,
17h11 supprimé,
17h31 supprimé,
17h52 retardé de 40 min peut être supprimé au final, 18h12 retardé de 40 min.,
18h32 supprimé,
18h53 retardé…
Aucune explication, aucune considération pour les usagers qui ont une vie de famille, des enfants à récupérer…
La SNCF prévoit-elle de rembourser le Navigo du mois de novembre?? Ce serait un minimum !