Avec l’aide de kiwi078, nous partageons ici ce que nous apprend une visite au COE de Saint-Lazare.
Le 21 février dernier, Jennifer (du blog de la Ligne L) et moi-même avons invité chacune un voyageur pour une visite au tout nouveau Centre Opérationnel Escale de Saint-Lazare.
Mon choix s’est porté sur kiwi078, du fait de son historique, et ses interventions sur le blog mais aussi en raison de sa connaissance et de son « expérience » des lignes L, A, et J. (Il utilise la ligne J quotidiennement depuis maintenant 30 ans, emprunte régulièrement les lignes A et L, et plus épisodiquement d’autres lignes Transilien.)
De nombreuses informations qui nous intéressent tous ont été données durant cette visite, et j’ai proposé à kiwi078 de me faire un retour et de partager ses impressions.
Ce billet a donc été co-écrit avec kiwi078 (que j’en profite pour remercier !) : sauf pour les encarts que j’ai insérés pour compléter, c’est donc lui qui s’exprime ici.
Comment s’est déroulée cette rencontre ?
J’avais rendez-vous à 18h avec Karine au niveau de la voie 10.
Nous nous sommes ensuite rendus directement au Centre Opérationnel Escale de Paris Saint-Lazare.
Anne Sixtine, la responsable des lieux, nous a reçus dans la salle de crise et nous a présentés les missions du Centre et de ses agents.
Le Centre Opérationnel Escale (COE) de Saint-Lazare, sous la responsabilité du chef d’escale, gère les arrivées et les départs des trains, l’information et la prise en charge voyageurs en gare.
Ainsi, le chef d’escale coordonne l’ensemble des acteurs, prend les décisions et manage les agents en opérationnel.
Le COE en bref
Des équipes sont présentes 7j/7j et 24h/24h
2 agents la nuit, 6 agents en journée
Organise les arrivées et départs des 1 400 trains/jour
Informe et organise la prise en charge des 450 000 voyageurs/jour
Contribue à la mise en place des lignes L, J et IC TER Normandie
Assure la gestion de flux en gare
Veille à la sureté et à la sécurité des voyageurs en gare
Afficher les trains et diffuser les annonces sonores : le RLIV
Le Responsable Local de l’Information Voyageurs (RLIV) assure l’affichage des trains aux voyageurs et les informent en temps réel de la « production », des perturbations, des travaux de la ligne.
Grâce aux caméras de vidéosurveillance, il peut surveiller l’arrivée des trains à quai et doit attendre que les voyageurs aient rejoint la plateforme avant d’afficher le prochain train au départ sur le quai.
Ils ont une vue de l’état du trafic sur l’ensemble des lignes franciliennes pour informer les voyageurs en intermodalité.
Zoom sur les « critères » pour afficher un train
Ne comprenant pas pourquoi les affichages à Saint Lazare se faisaient aussi tardivement, j’ai donc posé la question.
Pour rappel, pour qu’un train soit prêt au départ, il faut que plusieurs conditions soient réunies :
- la présence du train ;
- la présence du conducteur ;
- et sur certains axes, la présence d’un contrôleur (c’est-à-dire sur les grandes lignes et les trains à destination de Gisors).
Ces présences sont reprises dans un « tableau » et signalées sur un écran spécifique : sur chaque voie nous pouvons savoir qui est là et qui ne l’est pas.
A noter que juste avant le départ du train, l’agent doit signaler sa présence pour indiquer qu’il est prêt à faire partir le train.
Malgré tout, même si toutes ces conditions sont réunies, lorsqu’un train arrive en gare : un flux de voyageurs descendant du train se crée. Pour éviter les flux contraires, l’agent en charge d’afficher le train au départ attend avant de faire apparaître sa voie de départ sur les écrans.
3mn, c’est le temps nécessaire pour l’évacuation d’un train à l’arrivée. Souvent, on gagne plus de temps à retenir un train à l’affichage pour permettre une meilleure gestion des flux voyageurs contraires qui se croisent.
Le suivi en direct sur l’écran d’un départ de train tendu suite à l’arrivée tardive d’une rame en gare fut particulièrement instructif.
On y voit clairement que le flux descendant occupe toute la largeur du quai et que, si le train au départ sur le même quai avait été affiché, les deux flux se seraient croisés « en frontal » et cela aurait pu être dangereux. Le temps de vidage et de remplissage de ce train aurait alors été fortement allongé.
Je comprends maintenant mieux pourquoi certaines voies ne sont communiquées que quelques minutes avant le départ du train.
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Rencontre avec un agent sonoriste au centre opérationnel escale de Paris Saint-Lazare
Assurer notre prise en charge, notre sûreté et notre sécurité : le ROSEG
Le Responsable Opérationnel des Services En Gare (ROSEG) est le garant de la prise en charge, de la sureté et sécurité des voyageurs, de la bonne qualité des services en gare, de la propreté… Il manage en opérationnel, organise et coordonne l’ensemble des agents de l’escale de la gare Saint-Lazare. Il est aussi le lien avec les entités extérieures qui interviennent en gare comme les pompiers (pour un malaise voyageur), la police (pour un bagage abandonné), des prestataires (pour l’information client lors de travaux, la gestion des flux), etc.
En cas d’incident, s’il y a un gros retard sur un train, TER par exemple, et qu’il est impossible pour les voyageurs d’effectuer leur(s) correspondance(s), ce sont les agents en poste qui se chargeront de toute la logistique pour fournir des plateaux repas, des bouteilles, trouver une chambre d’hôtel, etc.
Garantir la ponctualité de l’ensemble des trains au départ de la gare : le RAR
Le Responsable Anticipation des Ressources (RAR) vigile en temps réel les ressources nécessaires au départ d’un train (conducteur, agent de départ, train) et l’ensemble des opérations de sécurité indispensables à la « formation » des trains (ex : les opérations pour accrocher ou décrocher des voitures).
Également, il anticipe les situations qui pourraient empêcher vos trains de circuler et permet un départ de trains conforme et en toute sécurité pour vous. Les RAR sont en communication constante avec le Centre Opérationnel Transilien (COT), le Centre Opérationnel Proximité Paris Normandie (COPPN), le poste d’aiguillage de Paris Saint-Lazare et les agents départs, qui assurent le départ des trains sur la plateforme de Saint-Lazare.
Les agents veillent tout au long de leur service à la ponctualité départ à 0 minute de vos trains. C’est l’objectif premier en production !
J’ai été impressionné par le côté fonctionnel du COE grâce à son grand écran panoramique particulièrement lisible et aéré.
Il reprend l’ensemble des informations utiles, les caméras et tous les outils dont les agents ont besoin pour travailler. Par exemple, nous pouvons y voir les écrans d’affichage de l’ensemble des trains au départ (identiques à ceux que nous avons sur les quais) avec les voies affichées et théoriques ; nous avons également sur cet écran un plan qui indique, en temps réel, où se trouve chaque train sur l’ensemble du réseau. Aussi, c’est apparemment nouveau : sur une partie de cet écran panoramique, des informations sur l’ensemble des lignes de métro, RER et Transilien permettent d’avoir une vue globale sur « l’actu » des autres lignes. C’est sur cette base que les agents adaptent leurs annonces sur l’intermodalité et les correspondances entre les lignes.
Petit tour sur la plateforme
Après cette présentation du COE, nous avons rejoint un agent de départ pour suivre la procédure de « séquence de départ ».
Pascale avait publié un billet consacré aux agents de départ qui décrivait très bien cette séquence de départ.
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L’agent à la « casquette blanche », métronome de la gare…
Ce que j’ai vécu était très fidèle à ce qui avait été rédigé, cependant cette procédure a quelque peu été modifiée sur la gestion des « avertisseurs de départ ».
En voici un extrait :
« Elle comporte plusieurs étapes :
- première étape, l’agent vérifie la concordance entre le numéro et le type de train prévu sur son graphique avec l’écran installé en entrée de quai,
- il configure sa radio en fonction de la destination du train,
- l’agent allume les caméras sur la console située en entrée de quai, afin d’avoir une vision complète du quai et des personnes qui s’y trouvent,
- il vérifie ensuite si le conducteur a bien signalé sa présence à bord (vérification d’un voyant lumineux) et signale également la sienne,
- il s’assure que la signalisation arrière du train est allumée (présence des deux feux rouges) et que tous les câbles sont sur leur support de repos,
- quand toutes les conditions sont réunies (ouverture du signal de sortie de quai par le poste d’aiguillage : feu au vert, heure de départ conforme), l’agent lance un premier coup de sifflet.
NDLR : contrairement à l’an passé, l’agent n’active pas les « hurleurs » sur la plupart des trains Transilien. En effet, ceux-ci sont aujourd’hui « éteints » par l’agent car ils étaient dangereux pour la sécurité des voyageurs, qui courraient en entendant cette sonnerie. De plus, aujourd’hui, la gare est plus calme et donc plus sereine !
- si rien ne s’oppose au départ (pas de voyageurs qui bloquent les portes, aucun élément qui pourrait mettre en péril la sécurité des voyageurs…), l’agent active le Signal Lumineux de Départ (c’est un signal qui indique au conducteur qu’il peut partir),
- le conducteur active le système de fermeture automatique des portes (une phase très délicate pour notre agent qui doit veiller avec une extrême vigilance à ce que plus personne ne monte ou descende du train…),
- dès que le train part, l’agent de départ reste concentré et garde les yeux rivés sur les caméras de contrôle jusqu’à ce que la rame de queue ait dépassé l’extrémité du quai. En cas de problème, l’agent de départ rentre en contact par radio avec le conducteur pour que ce dernier déclenche l’arrêt d’urgence du train. »
Commentaire Karine : Depuis le début de l’année, plusieurs arrêts au départ des trains ont permis de sauver des vies de voyageurs !
Je pensais que la visite allait se terminer à ce moment. Finalement, il nous restait un peu de temps devant nous et, à ma grande surprise, nous sommes partis visiter le Centre Opérationnel Transilien (COT).
Je reviendrai là-dessus dans un autre billet.
A la lecture de ce billet, est-ce que cela vous a permis d’y voir un peu plus clair sur le rôle du COE et les missions des agents qui y travaillent ?
Egalement, n’hésitez pas à partager votre vécu sur la gestion des arrivées/départs à Saint-Lazare et si vous avez d’autres interrogations : je n’hésiterai pas à relayer vos questions/suggestions à Anne-Sixtine.
Karine,
C’est bien de montrer l’existant mais cela ne couvre pas le retour d’expérience en situation perturbée. En fonctionnement nominal, oui, il y a beaucoup de monde derrière la scène pour faire tourner la machine. En revanche, en cas de problèmes, la machine peut ne pas être si bien huilée et des ratés peuvent arriver. Sur la gestion des alertes, nous vous faisons écho régulièrement des anomalies, des imprécisions ou bien de nos attentes. Exemple ce matin Mercredi 17 Mai: à 6:50, je reçois une alerte de l’appli SNCF Ligne J ralenti. Je vais dans l’appli et le seul texte que je peux lire est « application de mesure de sécurité à Pont Cardinet ». Que signifie « ralenti »? Est-ce que tous les axes sont concernés? Jusqu’à quelle heure? Le but de mes remarques est de vous interpeller à nouveau sur les alertes: quel est le but recherché. Selon moi, une alerte devrait:
– indiquer la cause et l’heure
– donner une durée estimée
– indiquer les impacts
– signaler la fin des perturbations
C’est en rassemblant des informations sur tous ces points que les usagers peuvent envisager des solutions alternatives.