Bonjour, c’est bien là, l’annonce que tout le monde redoute lors d’un arrêt imprévu du train. Que signifie cette annonce et quels sont les impacts ?
Elle est destinée à dispenser la clientèle de détails tragiques. Il peut s’agir d’un suicide, acte quasi quotidien, les statistiques permettent même de dissocier des périodes de l’année plus à risque que la normale ou moins courants des homicides ou des accidents. Comment se déroule alors les opérations ?
Le conducteur émet sans délai un signal « d’alerte radio ». Ce signal est perçu par les conducteurs présents sur zone, les postes d’aiguillage et le poste de régulation du trafic de Paris-St Lazare. Ce signal ordonne l’arrêt d’urgence de toutes les circulations, afin d’éviter d’accroître les conséquences de l’acte désespéré. Les secours arrivent sur place et procèdent aux gestes qui s’imposent. Ils peuvent intervenir sur la voie grâce au travail de protection et d’interruption des circulations déjà réalisés par les postes d’aiguillage. En cas de décès, un officier de police judiciaire (OPJ) appuyé d’agents de la Police ou de la Gendarmerie se rend sur place afin de procéder à l’identification de la victime et relever d’improbables témoignages. Les Pompes Funèbres sont appelées.
Un agent de l’Equipement, intervient à son tour afin de s’assurer qu’aucune installation n’ait été heurtée ni brisée par le choc (pédales, divers boîtiers, etc.). Son feu vert est primordial pour la reprise normale des circulations en toute sécurité.
Un autre agent d’exploitation, cette fois, est également sur place afin d’assurer l’interface entre les personnes extérieures et les services SNCF. Après accord indispensable de l’OPJ, seul apte à autoriser la reprise de la circulation, l’agent d’exploitation peut donner l’ordre de repartir et surtout préciser dans quelles conditions s’effectuera cette reprise (sur une ou plusieurs voies, à quelle vitesse, avec ou sans arrêt commercial dans une gare donnée etc..…).
La relève est alors proposée systématiquement à l’agent de conduite, forcément choqué. De son coté, le centre régional des opérations essaye de minimiser les incidences de l’accident (trains bloqués sur place), mais aussi la désorganisation qui s’ensuit (mauvais positionnement des rames, des conducteurs pour assurer leur mission suivante), afin d’en limiter les conséquences dans le temps. La priorité est de stopper, les trains suivants dans les gares, pour éviter l’arrêt en pleine voie d’une rame : les voyageurs, devenus impatients, pourraient tenter de s’en extraire avec tous les risques inhérents.
Il faut alors mettre en place des transports de substitution si les prévisions de reprise de la circulation s’avèrent être des plus pessimistes. Hélas, un bus et sa cinquantaine de places ne pourra jamais remplacer une rame transportant de 500 à 2000 personnes. Alors quand plusieurs trains sont immobilisés …..
Sur le terrain, différents acteurs s’entendent pour tenter de reprendre, la circulation de quelques trains. Mais les retards des rames immobilisées ou détournées se répercutent inévitablement dans le sens du retour, généralisant ainsi les perturbations sur l’ensemble du réseau. C’est donc tout le plan de transport qu’il faut remettre à plat tout en gardant un œil sur la situation qui peut encore se dégrader.
Ca y est ! Le signal de la reprise normale du trafic est donné, si c’est une excellente nouvelle pour les personnes bloquées il n’est pas synonyme de soulagement pour les opérateurs. Les répercussions peuvent se faire sentir à l’autre bout du réseau. Il faut des heures pour retrouver une situation normale, des modifications et suppressions peuvent être décidées.
Pour conclure, il faut savoir que le temps de traitement d’un accident de personne, est variable en fonction de divers facteurs : zone concernée, délai d’intervention des personnes, bouclage du dossier judiciaire. J’espère que cette petite explication, vous permet de comprendre un peu mieux le processus que nous devons suivre face à ce type d’évènement.
Juste deux points plus sur la forme que le fond :
1/ « En cas de décès, un officier de police judiciaire (OPJ) appuyé d’agents de la Police ou de la Gendarmerie se rend sur place afin de procéder à l’identification de la victime et relever d’improbables témoignages. »
J’ai un doute sur « improbables témoignages ».
2/ D’aussi loin que je sache, un OPJ est toujours soit de la police, soit de la gendarmerie (je doute qu’on fasse intervenir l’adjoint au mort pour ça).
Bonjour. Le mot « improbables témoignages » est effectivement peu clair. Je reprends donc : un OPJ se rend sur place pour avoir tous les témoignages possibles, mais seulement dans la mesure du possible. Il arrive fréquemment qu’il n’y en ait pas. Ceci dit, c’est bien une véritable enquête qui est réalisée. En particulier, au-delà de l’audition des éventuels témoins, l’OPJ demande l’examen des enregistrements vidéo si la gare est équipée, la réquisition des bandes graphiques de la locomotive (l’équivalent de la boîte noire d’un avion), il observe la disposition des lieux, s’assure que les témoignages ne sont pas différents… C’est sous sa seule responsabilité que le corps peut être déplacé et ainsi autoriser la reprise du trafic. La plupart du temps, vous avez raison, c’est bien un agent de la police ou de la gendarmerie. Mais en cas de doute, un magistrat instructeur, Représentant du Procureur de la République, peut également se déplacer.
Bonjour à tous,
Il s’agit de tout de même de morts « violentes ».
Le travail de l’OPJ consiste dans un tout premier temps à déterminer s’il s’agit pas d’un homicide maquillé en suicide/accident.
Et oui … Cela arrive de temps en temps.
Une fois cette question résolue, il s’attache à déterminer si il s’agit d’un suicide (acte « volontaire ») ou d’un accident (acte « involontaire »).
Bref ce n’est ni drôle, ni simple. Cela prend forcément du temps et personne ne peut savoir à l’avance combien …
Les suicides… pour ne pas dire accident de personne… un dur moment !
Plusieurs mauvaises expériences.
De quand je travaillais à la SNCF où j’ai été chargé, avec un collègue, de vérifier l’état de sous le train et de regarder ce qu’il reste… Dure expérience qui n’est pas rare du tout !
Mais aussi du coté passager… où l’hiver dernier un homme, pas très loin de moi, s’est jeté sous le train devant tout le monde…
Tout ça pour dire qu’il s’agit d’un gros travail pour les agents de la SNCF… au niveau moral surtout.
Je ne suis pas de la SNCF, mais j’ai vécu indirectement les conséquences d’un incident de personne. J’ai pu constater par moi même la mobilisation du personnel SNCF pour renseigner les voyageurs dans les gares en amont, et leur proposer un moyen de contournement. Pour cela je leur dis bravo. J’ai une pensée pour les conducteurs qui ont vécu cela, un dur moment comme le dit Christophe, et qui peut avoir des conséquences sur plusieurs semaines, voir plusieurs mois : perte du sommeil, cauchemars, angoisses, et même dépression… J’imagine que ça doit être dur quand on assiste au suicide en direct, mais que ça doit être encore pire quand on est au manette du train tamponneur…
Franck – Comité d’usagers de l’ouest francilien
En tant qu’agent j’en ai eu 2 dans les gares où je travaillais. Mais jamais je ne me suis déplacée, c’était hors de question que je garde ce médiocre spectacle en mémoire. Côté clientèle par contre beaucoup on du mal à comprendre la situation et c’est très difficile à gérer.
Mais pour répondre à Christophe, un accident de personne n’est pas forcément un suicide. Il y a malheureusement de « simples accidents » qui finissent très mal.
Le suicide est un acte terrible, pour la personne qui le commet bien sûr, mais également pour toutes les personnes autour (familles, proches, personnes impliquées dans l’acte lui-même, etc). Peut-être même plus pour ces derniers, parce que eux vont devoir continuer à vivre avec leur conscience, leur malaise (« pourquoi je ne m’en suis pas rendu compte? », « qu’est-ce que j’ai fait? », « qu’est-ce que j’aurais du faire? », etc). J’ai beaucoup de peine pour les chauffeurs à qui cela arrive.
Ok le conducteur doit être terriblement choqué, je crois d’ailleurs que certains ne s’en remettent jamais…. Mais il y a aussi les clients attendant sur le quai qui sont témoins de la scène, voire des enfants ou ados, à eux aussi ils faut penser. J’ai vécu cette situation à mon 1r accident de personne. Les clients affolés sont venus au guichet, j’étais seule et désemparée. Je ne souhaite ça à personne.
Arrêtez moi si je me trompe mais n’y at-il pas un numéro de téléphone qui a été mis en place justement pour l’aide psychologique des clients et des agents dans ce type de situation ??
C’est ce que j’entendais par « les personnes impliquées dans l’acte lui-même »: les gens qui assistent à l’acte, ceux qui doivent intervenir sur le lieu, ceux qui doivent gérer la situation autour. Mais j’ai tout de même une pensée spéciale pour le conducteur, qui portera tout le reste de sa vie la responsabilité d’avoir tué un homme (pourtant mal placée, puisqu’il n’est en rien responsable).
Ne croyez pas pour autant que je n’ai pas une pensée et de la compassion pour tous les autres impliqués dans ces situations.